Le Serpent et le Scorpion
Le symbole animal du Serpent est le huitième esprit totem de la roue de la vie des chamans amérindiens. Il correspond au milieu de l’automne et à notre signe astrologique occidental du Scorpion auquel il peut apporter un éclairage nouveau et exotique.
Voyons les analogies de ce symbole à travers les différentes cultures qui lui ont rendu hommage, les mots-clefs caractérisant les natifs dont il est l’esprit protecteur et le conseil du chaman à son sujet, conseil destiné à exploiter au mieux son potentiel vital.
I. Mutation et renouvellement
Le serpent est le symbole même de la mutation et de la régénération : sans cesse différent, toujours le même, il a régulièrement besoin de changer de peau pour poursuivre sa vie et rien qu’en cela, il est en parfaite analogie avec la maison VIII (reliée elle-même au Scorpion) qui nous parle des grandes transformations personnelles et des grandes crises existentielles.
Le Serpent, présent partout dans le monde sous des formes très différentes, peuplant la terre comme les plans d’eau, a toujours fasciné l’humanité.
Car le serpent a en lui ce pouvoir, celui de subjuguer l’homme (ou la femme) grâce à son charisme inquiétant, son regard impénétrable et mystérieux, cette impression de ne pas tout à fait appartenir à notre monde.
En Egypte antique, le serpent était intimement associé à la religion et aux grands mystères de la vie. Le serpent fut vénéré sous différents avatars divins.
Dans le mythe de la création héliopolitaine, le serpent (cobra) protège les dieux et les rois contre les puissances des ténèbres et du chaos : étant lui-même relié aux ténèbres, il est un intermédiaire privilégié.
D’un autre côté, Apophis est l’ennemi serpentin du dieu solaire Râ et incarne la menace continue de désordre pour le monde organisé.
Les deux idées se complètent donc pour faire du Serpent l’animal totémique « entre les mondes » et, de fait, celui étant le plus apte à maintenir l’équilibre entre destruction et construction, entre vie et mort (cette analogie rejoignant à nouveau la maison VIII).
D’ailleurs la figure de l’Ouroboros (le serpent avalant sa propre queue) est l’emblème du monde, de la perpétuelle rénovation de la nature qui meurt, renaît en un système clos autant que parfait où la pourriture et la mort permettent les nouvelles germes et la vie…
Un passage du Livre des Morts enseigne : « L’âme pénétrera dans le corps du serpent par la queue, qui est dirigée du côté des ténèbres et sortira par sa gueule, qui est toujours du côté de la lumière ». C’est ici une allusion à peine voilée à la réincarnation et au cycle de la vie et de la mort, de la nuit et du jour.
En inde comme dans les croyances celtes, le serpent est un animal chthonien, souterrain et il est protecteur des trésors, des richesses de la terre. Ce rôle matérialiste, notons le, est aussi échu au Scorpion de notre astrologie, auquel sourit souvent la richesse à condition qu’il sache la redistribuer. Cela souligne aussi le rôle fécondateur qui échoit aux deux animaux totémiques car la terre et les animaux qui la fouissent, la creusent, la travaille est universellement le symbole de la matrice dans laquelle la vie (encore brute) évolue.
La figure du serpent, de tout temps et dans toutes les cultures jusqu’à l’interprétation des rêves modernes, est d’ailleurs extrêmement phallique. Le serpent représente le pénis et donc l’énergie sexuelle à travers la sexualité elle-même mais aussi le pouvoir sexuel qui peut se traduire par un fort magnétisme (ascendance et subjugation) ou une puissance créatrice hors norme, à condition qu’elle soit détournée de son rôle purement charnel. Le serpent monte alors « dans la tête » et la procréation se fait au niveau spirituel (ainsi les nagasindiens ou hommes à tête de cobra, sont d’excellents poètes et d’excellents mathématiciens).
En Amérique du Nord, c’est sans doute la tribu des Shoshone (ou Snake) qui voua le culte le plus important au serpent bien que cet animal fut respecté par l’ensemble des amérindiens en tant que détenteur de grands secrets et initiateurs à la magie (l’ésotérisme est aussi l’apanage Scorpion et la maison VIII concerne tout ce qui est caché, dissimulé, occulte).
Voici le mythe fondateur des shoshones : Il y a très longtemps existait un serpent très différent des autres serpents puisqu’il était muni de grandes pattes. Aussi les autres serpents le chassèrent de leur village.
Il erra plusieurs mois et finit par échouer sur le bord d’une rivière pour y mourir.
Esekotoye aperçut le pauvre serpent. Il en eut pitié et l’invita chez lui. Il lui donna à manger et soigna ses pauvres pieds meurtris. Puis il expliqua au serpent qu’il y avait ailleurs des créatures avec des grandes pattes comme lui.
Le jours suivant, le serpent quitta son ami et rencontra sur la route Kaiskap, le porc-épic. Celui-ci avait froid et lui demanda de l’aide. Le serpent ne possédait pas grand-chose mais il partagea malgré tout le peu qu’il avait avec le pauvre porc-épic.
Le serpent continua sa route et rencontra cette fois un chef indien et, bien que ne possédant que ses mocassins comme seule richesse, il lui en fit cadeau en guide de paix. Il fut alors invité par le chef à séjourner parmi les siens. Dès lors, il fut bien traité et eut une vie heureuse.
Toute cette partie est une allégorie conseillant à ceux marqués par le Serpent d’être toujours généreux même si on ne l’est pas avec eux : c’est ainsi que la vie leur sourira. Mais la légende ne s’arrête pas là car le chef indien avait une fille dont le serpent tomba follement amoureux.
Il savait toutefois que c’était sans espoir et commença à dépérir. Mo’kiya, le sorcier de la tribu décida d’intercéder pour le serpent et alla trouver Nato’Se le soleil.
Transformer le serpent en homme n’était vraiment pas quelque chose de difficile à faire et le dieu solaire en expliqua le rituel au sorcier, ému par l’histoire du serpent.
De retour, le sorcier murmura des prières et le serpent se transforma bel et bien en un beau jeune homme qui pu épouser la fille du chef et donner naissance à une nombreuse descendance.
L’allégorie est ici plus subtile. Elle met l’accent sur le potentiel de transformation du serpent, sa capacité à « radicalement » changer au cour de sa vie et souligne que cela sera souvent fait par amour et grâce aux sympathies que le serpent aura su, ou non, créer autour de lui.
II. Personnalité traditionnelle et conseil
Ardent, passionnel, désintéressé, énigmatique, sensuel, secret, curieux, entêté, fascinant, dangereux, obsessionnel, hésitant entre destruction et création.
Partenaires conseillés
Loup et Pivert.
Conseil du Chaman
Vous évoluez certes à ras du sol mais ce n’est pas une raison pour ne pas projeter vos pensées haut dans les cieux.
C’est en quittant en partie le monde matériel et en sondant les mystères de la vie et de la mort que vous trouverez votre place dans le monde. Débarrassez-vous de votre vieille peau, ne conservez rien trop longtemps, cela ne servirait qu’à rendre votre reptation plus pesante.